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16/08/2021

Parasol Odyssey

Maroc, Plages, Vacances, Ecologie, Humour

 

Chaque année, à la même période, les plages marocaines deviennent l’abri d’une vie foisonnante, variée et colorée, dont l’équilibre précaire intrigue les chercheurs du monde entier. En effet, lorsque l’été arrive, de nombreuses espèces envahissent soudain les littoraux qui deviennent alors l’enjeu d’une lutte de pouvoir et de territoire sans merci. Ce phénomène, qui n’est bien sûr pas unique dans le monde, prend tout de même une tournure assez étrange sur les côtes de Maroc-Land.

Je vous propose donc de partir en observation de cette faune à part, à la découverte de cet écosystème unique au Monde.

Le premier à envahir la plage dès le matin, est une espèce que l’on appelle communément le Bronzorus-Relaxus. Choisissant son lieu de niche en fonction de la proximité de la mer, de la force du vent ou de la qualité des sols, il plante son parasol dans le sable, marquant fièrement par ce geste son territoire.

Le Bronzorus est un mammifère paisible, docile et paresseux. Sa principale activité est de paître tranquillement au soleil, dans une position couchée qu’il ne quitte que pour refroidir son corps de temps à autre dans l’eau de la mer. Les chercheurs ont longtemps tenté de percer le mystère de cette station prolongée au soleil, malgré les dangers évidents pour leur épiderme inadapté. De nombreuses théories circulent, dont certaines avancent que cette lumière est transformée par la peau en une couverture brune qui sert ensuite à la parade amoureuse de ces mammifères, le soir, sur la Corniche, ou au mois de septembre, au travail. Mais cela paraît très fantaisiste.

Quoiqu’il en soit, pour nicher dans le sable, le Bronzorus et sa famille ont besoin de calme et d’un minimum d’espace.

Mais la vie à la plage n’est pas de tout repos, surtout lorsque l’on a des prédateurs naturels...

Le premier d’entre eux, le Footballocus-Piétordus, est une espèce très dévoreuse d’espace. Particulièrement tenaces et nuisibles, ces prédateurs, qui évoluent toujours en groupe, lancent sur les Bronzorus affalés des ballons durs qui viennent claquer sur leur peau, ainsi que du sable, en émettant des cris de contentement primaux.

Un autre prédateur, le Fumus-Parasolus, ou plus communément le Fumeur des Parasols, est lui un animal toxique dont la technique consiste à expulser la fumée de ses cigarettes ou de ses joints sur ses proies alentours, créant ainsi autour de lui un espace plus large, qu’il peut reconquérir. Dans le même esprit et pour le même but, l’Écouteur de Transistor déverse à fort volume une mélasse musicale qui éloigne tout être vivant à deux mètres.

Mais d’autres ennemis guettent : là-bas, le torse bombé, le ventre rentré et les muscles saillants, le Dragueur des Sables marche le long de la plage à la recherche d’une proie. Ces prédateurs aux yeux perçants peuvent chasser en solitaire, mais il n’est pas rare qu’ils traquent leur proie en meute, en émettant des sifflements et des ricanements distinctifs. À leur passage, les femmes, tout en évitant tout contact visuel, se cachent derrière leur parasol, se camouflent ou s’enfouissent rapidement dans le sable, se déterrant prudemment, avec mille précautions, lorsque le danger est passé... Se croyant hors de portée, elles ne voient alors pas un autre prédateur, à l’affût lui-aussi, mais bien plus discret...

Au contraire de l’expansivité naturelle de son cousin le Dragueur, le Pervers des Plages, lui, reste tapi dans l’ombre, immobile, les sens en éveil, bien caché de ses proies... Ses deux yeux sont indépendants, semblables à ceux du caméléon, pour ne rien rater des peaux nues qui s’offrent à lui et qui constituent son principal repas...

À une plus petite échelle, la plage, c’est aussi la discrétion de créatures que l’on devine à peine. Une vie insoupçonnée mais nécessaire, invisible pour beaucoup, sauf à qui sait observer...

Ainsi, les Épluchus-Pastéqus, enterrés en longueur dans le sable, paissent tranquillement au soleil, libérant une odeur qui repousse les prédateurs.

À quelques pas de là, leurs cousines, les Épluchus-Melonius, sont regroupés en bancs compacts tout au long du rivage. Au dessus d’elles, le ballet aérien des Sachets de Gaufrettes virevolte au hasard du vent, tandis qu’au sol, une Bouteille d’eau minérale vide roule gaiement sur les bosses du sable mouillé, heurtant au passage le château d’un enfant qui essaie de l’attraper au vol. Les Paquetus-Cigarettus, étourdis par la chaleur, s’ensablent lentement, à coté d’une colonie sauvage de Carcasses Roses de Yaourtus qui assèchent leurs bords coupants.

Car oui malheureusement, ces espèces ne sont pas toutes pacifiques : Les Épluchus-Figues-de-Barbarus, elles aussi à demi ensablées, dressent sur leur dos de terribles épines qui n’attendent que leur proie. Et tandis que les Mégots Sauvages traînent leur cendre vers les vagues, l’immense colonie des Coques de graines de tournesols, balayée par la brise marine, se perd vers un lieu maudit de la plage, un endroit qu’aucune espèce ne veut approcher... Car c’est là, tapie au fond de son trou, que se cache le repère d’une terrible créature. Une créature que tout le monde craint et que personne ne veut réveiller : la Couche Sauvage...

 

Brisant soudain l’apathie lourde de l’après-midi, un bruit lointain met le peuple de la plage en alerte. Un bourdonnement sourd approche, doucement. Puis de plus en plus fort. Jusqu’à devenir assourdissant... Tout le monde l’a bien compris. La terreur arrive par la mer : Une meute de Jet skis Fuselés arrive en trombe et fonce vers les estivants ! Fendant l’eau en deux, ils provoquent la panique des baigneurs qui s’enfuient de tous les cotés.

Les plus chanceux ont le temps de regagner la terre. Les autres plongent la tête sous l’eau pour ne pas être heurtés. Mais les Pédalos Marins, qui n’ont pas prévu cette attaque à temps, empesés dans leur lourdeur, sont pris au piège. Ils tentent désespérément de manœuvrer au milieu des vagues provoqués par ces monstres mais, ballottant de tous cotés, ils se retournent un à un. Ils font alors des proies toutes rêvées...

Par chance, ignorant les pachydermes, les Jet skis ont déjà repéré leur victime. Ils encerclent un nageur esseulé et inexpérimenté qu’ils agrippent à l’unisson en l’entraînant vers le large. Ils laissent derrière eux une mer dévastée, agitée, emplie de nageurs désorganisés qui se débattent dans une fumée blanchâtre et une forte odeur d’essence...

L’agitation a aussi gagné la plage car dans sa fuite, un petit Bronzorus qui courait vers le parasol de ses parents, tombe dans le piège des Figues de Barbarie. L’enfant s’effondre en pleurant et en se tenant le pied. En voulant le secourir, d’autres Bronzorus accourent et tombent dans le même piège... Mais le comble de l’horreur n’était pas encore atteint... Un tumulte vient cette fois de l’autre coté de la plage. Des cris retentissent puis soudain, une dizaine de Bronzorus s’enfuit dans le désordre le plus total. Que se passe-t-il donc ? Pourquoi cette panique ? L’explication ne se fait pas attendre... Un enfant arrive... Il tient dans sa main la Couche Sauvage qu’il a déterré de sa tanière...

Profitant de cette confusion, et après deux cents allers retours le long de la plage, la patience du Dragueur des Sables semble enfin récompensée : une jeune adolescente inexpérimentée, et qui n’était pas concentrée, l’a regardé dans les yeux plus de deux secondes. Le prédateur fond aussitôt sur sa proie en lui assénant un violent : « Salut, comment ça va ? Tu viens souvent ici ? »

Sonnée par cette attaque, la jeune femme essaie de s’extraire à sa vue en évitant la discussion. Elle tente d’éviter tout contact visuel, comme on le lui a appris... Mais c’est trop tard. Le Dragueur n’entend pas lâcher le fruit d’un si dur labeur aussi facilement : « Je connais très bien cette plage, il y a des endroits vraiment magnifiques... Ça te dirait d’aller voir ?... » Une lutte terrible s’engage. Devant la résistance de sa proie, le Dragueur ne s’en laisse pas compter et frappe les points faibles : « Si, si, je t’assure, le Centre Commercial n’est même pas à cinq minutes à pied d’ici... Et il y a des soldes incroyables... »

Sa concentration à sa tâche lui fait cependant prendre des risques. En effet, le prédateur naturel du Dragueur des Sables est là, juste derrière lui maintenant... Lorsqu’il entend le grognement du père de famille, il détale sans demander son reste, en poussant des cris de détresse...

Ces mésaventures commencent d’ailleurs à titiller quelque peu le flegme légendaire des Bronzorus...

Alors quand le ballon d’un Footballocus vient heurter pour la énième fois le flanc d’un des leurs, ils commencent à en avoir ras le short ensablé. Ils encerclent les prédateurs qui deviennent maintenant les proies d’une foule rouge de colère et d’une trop longue exposition au soleil sans crème. Et dans ce renversement des rôles comme seuls peuvent les favoriser l’exaspération générale mêlée à l’esprit de meute, on ne distingue plus maintenant qu’une foule compacte agglomérée en boule sur les malheureux maladroits. De cette scène d’horreur et de cris, ne réapparaît qu’un ballon crevé...

Bientôt, lentement, le calme reprend ses droits. Après avoir chassé la plupart de ses prédateurs naturels, la plage redevient un espace sous la domination des paisibles Bronzorus. Et l’agitation laisse maintenant place aux rires, aux cris des enfants qui s’éclaboussent, et au repos bien mérité. Témoins de cette paix retrouvée, dans l’eau, des dizaines de Sacs Plastiques Sauvages, de toutes les couleurs, nagent mollement et gracieusement en bancs compacts, enroulant les pieds des baigneurs dans un ballet magnifique...

Le soleil décline lentement, les ombres s’allongent. Et tandis que ce beau tableau prend une belle teinte orangée, une inquiétude nous prend... Ce spectacle est-t-il menacé ? Assiste-t-on aux dernières manifestations d’une vie que nous avons toujours connu sur nos littoraux, en été ?

Les marocains commencent en effet à nettoyer leurs plages et par cette action, font disparaître une faune qui faisait le charme de ces espaces. Les conséquences désastreuses de ces comportements se font déjà sentir... La population des Épluchus décline. Celle des carcasses de Pots de Yaourt suivent malheureusement la même évolution. Pouvons-nous laisser faire cela ?

Heureusement, la grande majorité de nos concitoyens continuent, avec une belle énergie, d’entretenir cette vie fragile.

 

Mohamed Saïyd - in Bienvenue à Maroc-Land (c) 2019.

 

 

Klaxon City

Maroc, Klaxons, Tanger, Tétouan, Humour, Voitures

 

 

L’une des choses qui frappe le plus lorsque l’on débarque ici, c’est l’omniprésence du klaxon. Dans n’importe quelle ville du Maroc, du centre à la périphérie, la vie urbaine ne semble résonner que de cet instrument à la sonorité douteuse, utilisé pour n’importe quelle situation :

« Tu n’arrives pas à prévoir 1,74 secondes à l’avance que le feu va passer au vert ? Coup de klaxon ! »

« Tu oses traverser la rue, vil piéton, alors qu’il y a un feu qui est fait pour toi 15 kilomètres derrière ? Klaxon ! »

« Tu ne mets pas ton clignotant quand tu tournes ? Quoi ? Moi aussi je ne le mets pas ? Et alors ? C’est ton problème ?... Klaxon ! »

« Tu oses être belle alors que c’est interdit par la loi ? Klaxon ! »

« Tu marches tranquillement sur ton trottoir et tu ne fais rien de mal ?... (Moment de réflexion) C’est louche : Klaxon ! »

J’ai longtemps cru que cette mauvaise habitude des conducteurs traduisait un sentiment de frustration latente qui devait s’évacuer par cette pression facile de la paume sur l’instrument d’alerte. Bien protégé dans cette carrosserie qui le coupe de l’extérieur et le dispense de toute civilité, je pensais que le marocain lambda était un mufle quand il conduisait...

Mais ce que j’avais pris pour de l’agression gratuite au début, est en fait un trait culturel que j’ignorais jusqu’alors : Hé oui. Le Klaxon est la deuxième langue officielle du Maroc. C’est une langue avec ses codes, ses règles, sa grammaire.

Je m’en étais aperçu lors de mes déplacements entre Tanger et Tétouan... Je faisais signe à une voiture qu’elle pouvait me dépasser sans danger, et le conducteur s’exécutait en me remerciant par deux coups brefs de klaxon qui voulaient sûrement dire : « Merci, cher conducteur à l’allure de grand-père. Votre attention est tout à fait délicate et je vous en remercie. »

Dès lors : révélation. Tout un univers s’ouvrait à moi.

C’est en effet avec le temps que j’apprendrai qu’un long klaxon envers les passants qui traversent ne voulait pas forcément dire : « Cassez-vous de mon chemin, misérables vers de terre ! Cette route a été achetée par mon père ! » Mais plutôt : « Siérait-il à vous, aimables piétons, de hâter le pas pour que je puisse faire passer mon humble carrosserie sans risque de vous heurter ? »

Idem pour les coups de klaxon à un feu rouge. Longtemps resté dans l’ignorance de la langue, j’ai longtemps cru que cela voulait dire : « Mais tu vas bouger ta carcasse ?! Tu crois que j’ai que ça à faire, espèce de [Pastille de censure de niveau 5] !

Après vérification, la traduction exacte de ce type de klaxon était : « Je tenais à vous informer personnellement, Ô humble co-véhiculaire, que le feu de circulation était passé depuis 0,0095 secondes dans la teinte dite émeraude, et que ce serait très appréciable si vous daigniez (mais j’abuse peut-être) avancer. »

Quelques fois, j’avais cru que deux personnes se disputaient en se klaxonnant dessus à tout va. En fait, tout cela était l’ébauche d’une discussion construite :

Klaxon 1 : Désolé, cher Monsieur, de m’être trouvé sur votre chemin lorsque vous déboîtâtes tout d’un coup devant moi. Le remord et la confusion me rongent.

Klaxon 2 : Cette confusion est d’abord mienne, humble collègue, puisque je me trouvais sur votre voie lors de mon déboulé intempestif.

Klaxon 1 : Laissons donc cela. Nous avons évité le pire et il serait désormais avisé, en gentlemen, d’être plus vigilants la prochaine fois.

Klaxon 2 : Oui, vous avez tout à fait raison. Vous savez, je ne suis pas comme ça d’habitude... Mais j’ai des problèmes personnels aujourd’hui... Notamment avec ma femme...

Klaxon 1 : Allez ! Dites moi tout... Commencez par le début... Euh... Attendez, on arrive au rond-point de la Ligue Arabe, le Parlement klaxonien de la ville, alors on ne va pas trop s’entendre là...

 

Langage complexe, le klaxon est fait de nuances, de tons, d’élans qui rendent son vocabulaire plus riche qu’on ne le croit. Tout cela demande une certaine maîtrise. Un temps trop long et toute la phrase change. Une pression plus accentuée sur l’instrument et la prononciation n’est plus la même. Je débute à peine mais je commence à faire de gros progrès. J’arrive par exemple péniblement à prononcer quelques bribes de phrases : « Voulez-vous avancer, s’il vous plaît ? » ; « Attention chers piétons, j’arrive. » ou « Veuillez sortir de sous mes roues, vous abîmez mes amortisseurs. »

J’ai encore beaucoup de progrès à faire pour atteindre un bon niveau. Mais j’ai de la chance : les conducteurs marocains sont de très bons professeurs.

 

Mohamed Saïyd. in Bienvenue à Maroc-Land (c) 2019.

14/08/2021

Bienvenue à Maroc-Land !

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Cet été, comme chaque année, j’ai passé mes vacances à Maroc-Land : un parc d’attractions haut en couleur, avec ses manèges à sensations fortes, ses stands, ses spectacles et ses attractions toutes plus délirantes les unes que les autres... Étalé sur une surface de près de 710.000 km², c’est le plus grand parc d’attractions au monde. Un univers unique, foisonnant et coloré, qui attire chaque année toujours plus de visiteurs.

Et comme d’habitude, avant d’y entrer, j’ai attendu une heure dans une file d’attente devant le grand portail d’entrée. J’ai payé ma place à des guichetiers en uniforme, puis je me suis rué vers la première attraction qui se présentait !

À ma grande joie, je tombe rapidement sur « Traverse ou je te renverse », un jeu d’agilité très prenant qui fait appel à notre rapidité d’action et à nos réflexes... Cette attraction consiste à traverser la rue d’une grande ville en évitant (le plus possible bien sûr) de se prendre un pneu. Le plaisir de ce jeu réside dans sa difficulté croissante puisque pour corser l’affaire, les automobilistes accélèrent aimablement lorsque l’on se risque sur la route...

Tout aussi décoiffant, « Le Taxi fou » m’a littéralement grisé. L’accès se fait dans de grands parkings où stationnent en file les taxis vides. Chaque wagon peut contenir six personnes, serrées au maximum, pour faire profiter cette attraction très populaire au plus grand nombre. Et une fois à l’intérieur, la folie commence : vitesse maximale, dépassements dangereux, appels de phare des voitures en face, virages pris en dérapage, klaxon contre tout ce qui bouge... On ressort de cette attraction assez secoué...

Mais pas autant que dans un autre manège : « Car Cass ».

Coincé à 100 dans une boîte métallique roulante sans suspension ni amortisseurs, il faut s’accrocher à tout ce que l’on peut lorsqu’un dos d’âne se présente... Stress, sueur, chaleur... Pour corser le jeu, le chauffeur fait aussi des siennes en freinant sec à chaque arrêt. Vous abordiez gentiment une fille en face de vous ? Coup de frein. Vous vous retrouvez entre Haj1 Boulahia et le Fqih2 Omar qui vous avaient vu faire tout à l’heure et qui s’apprêtent à vous dire ce qu’ils pensent de vos agissements. Deuxième coup de frein. Vous vous retrouvez sur les genoux de Lalla3 Sotfa, 4 dents, la cinquantaine, encore célibataire.

Maroc-Land, c’est aussi des attractions comme « Kasbah Adventure », un grand labyrinthe de vieilles pierres, de ruelles tortueuses et d’impasses, où l’on peut définitivement se perdre. (Dites bonjour d’ailleurs à Michel D., en vacances pour une semaine, qui est devenu vendeur de fruits secs dans l’impasse Ibn Tachfine).

Retrouver son chemin, tout en déjouant les sollicitations pressantes des vendeurs d’accessoires en cuir, sans acheter un pouf ou un tas d’autres objets qui ne vous serviront à rien une fois les vacances passées, n’est pas donné à tout le monde. Et il vous faudra une certaine maîtrise de soi pour y parvenir...

Dans un style plus crispant, « Derb Fantôme » nous plonge dans une ambiance angoissante assez réussie. Ruelles sombres et désertes, dangers de tous les instants, ivrognes agressifs, chemkars4 et jeunes désœuvrés... Cette attraction consiste à rentrer dans la rue d’un quartier déshérité de la ville, et d’en ressortir en gardant toujours sur soi son téléphone portable, ses chaussures ou son short... Pas toujours évident.

Dans la même veine, mais à une autre échelle, le « Labyrinthe Administratif » s’adresse aux personnes qui ont des nerfs solides et qui aiment les équations tordues. Le but est de suivre tranquillement les indications des guichetiers de l’accueil et de résoudre les énigmes posées à chaque échelon du jeu... Une trame assez facile en apparence, mais qui posera des difficultés assez rapidement, même aux joueurs les plus persévérants : logique déficiente, confusion des attributions des bureaux, phénomènes administratifs irréels, bugs répétés, énigmes impossibles... Ceux qui l’ont essayé relèvent les nombreux dysfonctionnements de cette attraction, beaucoup trop complexe, et qui a rendu fou un nombre incalculable de joueurs.

Coté plage, « Parasol Odyssey » est un jeu d’agilité, d’adresse et d’exploration, qui consiste, dans une plage municipale, à essayer de trouver une place libre dans un coin de sable ou un rocher, sans marcher sur un dos ou le bras d’un autre estivant. C’est un jeu qui demande une prudence et une maîtrise extrême de soi, car au moindre faux pas, en cas de contact, une bagarre générale éclate et il faut malheureusement recommencer tout le jeu.

Dans l’eau, après le succès de « Panic Jetski », où il faut éviter de se faire heurter la tête par l’un des scooters des mers, « Méduse Party » est LA nouvelle attraction. Montée cette année, c’est un jeu d’adresse où il faut nager gracieusement entre des espèces de flanc violet, en les évitant, sous peine de se prendre une minuscule décharge de 500 volts... Les propriétaires du parc ont sans doute jugé que l’attraction « Bronzage comme une épave » manquait d’un peu de punch...

Disséminées dans tout le Parc, d’autres attractions valent le détour... « Bocadillo Toxic »5 est un jeu de hasard pour mesurer votre chance ou pas de rester immobilisé pendant deux semaines après avoir planté vos dents dans un sandwich de viande hachée.

Dans un style plus culturel, « Ciné Café » est un grand spectacle vivant qui consiste à prendre une chaise dans un café, à commander une boisson et à se mettre à l’aise pour regarder un film naturaliste et réaliste, celui qui se déroule sous vos yeux : mouvements des passants, dragues lourdes, disputes entre deux automobilistes...

« Chouffouni Avenue »6, est quant à lui un spectacle de défilés de mode sur la corniche ou les avenues animées, où des jeunes gens de tous les horizons viennent afficher leurs derniers costumes et déguisements.

Mais à Maroc-Land, les attractions indétrônables resteront toujours les mêmes. Ainsi, « Happy Family » est un jeu qui consiste à profiter, dans la joie et la bonne humeur, de la compagnie de ses proches et de partager avec eux des moments privilégiés et irremplaçables. Les attractions « Les amis » et « Panoramas Fabuleux » sont également des succès qui ne se démentent pas...

J’en oublie sûrement d’autres, il y a tellement de choses à faire à Maroc-Land... Donc si vous connaissez d’autres attractions qui valent le détour, n’hésitez pas à écrire au journal pour nous les faire découvrir !

 

Mohamed Saïyd. in Bienvenue à Maroc-Land (c) 2019.

 

Lexique:

1. Haj :Titre d’un musulman qui a fait le pélerinage à la Mecque.

2. Fqih : Maître d’école coranique.

3. Lalla : Titre honorifique donnée aux femmes importantes. Dans la vie de tous les jours, formule de politesse pour dire Madame.

4. Chemkar : Drogué à la colle ou aux produits chimiques.

5. Bocadillo : Mot espagnol pour sandwich. Le Nord du Maroc ayant été colonisé par l’Espagne, les locutions espagnoles y sont très courantes.

6. Chouffouni : Littéralement, « Regardez-moi ».